Recueil de témoignages

Notre institution accueille des enfants sourds depuis plus de 125 ans ! En effet, c’est en 1890 qu’une classe regroupant une vingtaine d’enfants sourds s’installe au Château St-Germain dans la ville de Gruyères, devenant ensuite l’Institut St-Joseph.

Lors des festivités de notre jubilé en 2015, nous avons rencontré un grand nombre d’anciens élèves qui ont fait leur scolarité au sein de l’Institut St-Joseph Le Guintzet, et nous avons voulu recueillir leur témoignage.

Voici donc le fil du temps, parsemé de témoignages personnels et uniques :

Création de l’Institut St-Joseph

8 mai 1890
Création de l’Institut St-Joseph

Il était une fois un petit garçon prénommé Oscar, qui habitait au pied du château de Gruyères. Comme tous les petits garçons de son âge, Oscar allait à l’école au village. Mais Oscar avait la particularité d’être sourd. Sœur Bernalde Jaggi, institutrice à l’école primaire de la cité de Gruyères, est une jeune religieuse de la Congrégation des Sœurs de la Charité de la Sainte-Croix d’Ingenbohl. A l’accueil d’Oscar dans sa classe en mai 1886, elle est bien décidée à relever le défi d’instruire ce jeune garçon. Elle va se renseigner auprès d’une consoeur en Singine, demander le soutien de la maison provinciale, partir se former en Savoie pour trouver des méthodes spécifiques afin de le démutiser et lui apprendre la lecture et le calcul. Son engouement est tel que d’autres enfants sourds rejoignent rapidement Gruyères. La religieuse décide de regrouper les enfants dans une seule classe, et la Congrégation fait l’acquisition du Château St-Germain auprès d’un notable de Bulle pour la somme de 7’000 frs. Ayant prié St-Joseph durant le trajet à pieds jusqu’à Bulle pour signer l’acte de vente, la religieuse, reconnaissante de l’aide du Saint Patron, décide de baptiser l’institution de son nom. C’est le 8 mai 1890 qu’un cortège de 24 enfants sourds arrive à Gruyères pour s’installer à l’Institut Saint-Joseph.

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Déménagement au Guintzet

13 juillet 1921
Déménagement au Guintzet

En décembre 1920, les journaux relatent que « dans sa dernière session, le Grand Conseil a voté le transfert de l’Institut des sourds-muets de Gruyères à Fribourg, et le crédit de 200’000 frs nécessaire à l’achat du bâtiment du Guintzet destiné à abriter cette œuvre si bienfaisante. » C’est donc le 13 juillet 1921 qu’un immense camion portant l’inscription « Département des ponts et chaussées, Fribourg » traverse la ville de Gruyères et s’arrête devant l’institution. Le chauffeur qui en descend se présente aux Sœurs en leur disant : « C’est pour déménager les sourds-muets » Le 12 octobre, 72 élèves, dont 10 de langue allemande, commencent une nouvelle année scolaire dans leurs nouveaux locaux. En 1942, l’institution obtient la reconnaissance de ses classes de correction de langage (francophone et alémanique) par la Société suisse de logopédie. En 1960, c’est l’entrée en vigueur de l’assurance-invalidité fédérale, et la reconnaissance de l’Institut comme centre de rééducation de l’ouïe et du langage.

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Louis Bourqui

10 mars 1922
Louis Bourqui

3 octobre 1922 – 29 avril 2018 Son père, fils unique, a élevé 23 enfants. D’un premier lit, 11 enfants sont nés dont 6 ont survécu – 4 filles et 2 garçons – les autres sont décédés de la grippe espagnole. Marié une deuxième fois, 12 enfants verront le jour à Murist : Agnès, Raymond, André, Oscar, Marcel, Lucia, Louis, Ida, Camille, Firmin, Anne-Marie et Rose-Marie. Louis est un enfant sourd, d’autres enfants de la fratrie sont aussi légèrement déficients auditifs mais seul Louis fréquentera l’Institut St-Joseph dans une classe pour enfants sourds de novembre 1930 à juin 1931. Il retournera ensuite dans son village pour poursuivre sa scolarité avec ses camarades. Lors d’un entretien en avril 2019, sa sœur Anne-Marie le décrira comme un homme à tout faire, attachant et facétieux puisqu’il connaissait plus d’un tour de magie pour épater sa bande de neveux et nièces. Au bénéfice d’un diplôme de domestique, toute sa vie, il a travaillé à la campagne puis à l’hôpital d’Estavayer-le-Lac en tant que jardinier et aide de cuisine. Logé à l’hospice, il vivait juste au-dessous de la chambre de sa maman, entrée dans cet établissement pour ses vieux jours : quand elle avait besoin de Louis elle n’avait qu’à taper de son bâton sur le plancher pour qu’il vienne à son aide. Arrivé à la retraite, Louis aimait peindre, il était doué ; d’un joli coup de crayon, il a laissé à sa famille de nombreux portraits plus vrais que nature. Au centre la

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Marianne Pilloud

7 janvier 1946
Marianne Pilloud

Marianne Pilloud est née le 5 juin 1941 à La Tour-de-Trême, dans une famille paysanne. Elle est la 3e d’une fratrie de 5 enfants, dont sa sœur aînée Jacqueline et elles sont sourdes. Elles sont toutes deux scolarisées à l’Institut St-Joseph. Marianne débute au Guintzet en janvier 1946, alors âgée d’à peine 4 1⁄2 ans. Après sa scolarité, Marianne fait un an d’école ménagère, travaille au sein de l’entreprise Melpa à Bulle, se marie avec Casimir, avec qui elle aura une fille. Marianne est une fervente militante pour le droit à la langue des signes, et monte plusieurs expositions pour sensibiliser le public à cette cause.  

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Gilbert Sciboz

9 janvier 1949
Gilbert Sciboz

Au temps d’un récit :   La première séance fut chamboulée, Gilbert nous demande à la dernière minute un changement de lieu. Il préfère être filmé à l’institut plutôt que chez lui. Il se sent plus à l’aise dans un des bureaux de l’école qu’il a fréquentée. Son apparence est soignée. Il montre un empressement à parler. Soucieux de bien faire, il pose plusieurs questions quant au déroulement et ce qu’il peut dire tout en nuançant : « Quand même il faut parler des Sœurs et de leur comportement ». Pour le rassurer, je lui donne quelques exemples de thèmes dont il peut parler. Trop tard, la machine est lancée et la caméra pas encore installée ! Gilbert est touchant dans ses propos car il n’affiche ni haine ni rage. Il dit, énonce les faits et explique le déclic autour de ses 14 ans qui « estompe » un peu le passé, des souvenirs d’un enfant très timide, introverti, laissé pour compte et tributaire du très strict régime scolaire imposant soumission et obéissance. Entre les élèves règne une ambiance de concurrence partageant en clans ceux qui entendent un peu et ceux qui, surdité profonde oblige, végètent au dernier rang. Gilbert, petit garçon timoré annone, répète, imite comme s’il vivait au quotidien dans un théâtre de fortune : que ce soit la messe, le cours de français ou les mathématiques, il est l’abonné du tristement célèbre psittacisme très courant à l’époque. Ce ne sont pas les brimades ou les punitions qu’a endurées Gilbert qui me bouleversent le plus, mais

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Nouveaux bâtiments

30 septembre 1975
Nouveaux bâtiments

Depuis 1965, des projets de nouvelles constructions s’élaborent. Le premier coup de pioche est donné le 7 décembre 1971. Les travaux s’étendront sur quatre années. Pendant les travaux, l’institution continue de fonctionner. En septembre 1973, les élèves investissent déjà les nouvelles salles de classes. Une grande fête d’inauguration aura lieu le 30 septembre 1975. La nouvelle chapelle est également bénie par l’Evêque de Fribourg. Les bâtiments ayant une architecture particulière, leur aspect protégé n’a pas été modifié au fil du temps.

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Jubilé du 125e

26 septembre 2015
Jubilé du 125e

Souhaitant marquer les 125 ans de la création de la première classe pour enfants sourds, l’Institut St-Joseph a organisé trois événements durant le mois de septembre 2015 : Présentation du chant-signes « La mélodie du silence » sur la Place Georges-Python de Fribourg un mercredi matin de marché. Portes ouvertes de la section de surdité pour présenter les méthodes spécifiques utilisées dans l’accompagnement des enfants sourds. Rassemblement des anciens élèves sourds et pique-nique commun dans les jardins de l’institution.

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Sincères remerciements à nos différents soutiens :